La bonne nouvelle ? Nous n’avons pas coulé.La mauvaise nouvelle ? Nous avons failli couler et Golo est tout cabossé. Positif : le bateau flotte et nous vivons encore notre petite vie avec nos habitudes dedans. Négatif : nous sommes tous les 3 traumatisés par les orages tropicaux et le moindre petit éclair à l’horizon ou dès qu’un souffle de vent se fait sentir, nous avons des noeuds dans le ventre.
Je raconte :
nous sommes arrivés samedi en Gambie, à Banjul et nous avons essuyé un violent orage dans la nuit. Notre ancre a dérapé et nous sommes allés cogner violemment une épave de vieux chalutier rouillé (il y en a des dizaines dans le coin). Plus de 90 km/h de vent (évidemment, nous avions autre chose à faire que de regarder l’anémomètre qui a indiqué 45 nœuds à un moment), vagues, coups de boutoir de l’épave contre la coque, moteur à fond pour se dégager mais l’ancre traine et nous immobilise. Le sondeur indique 1,2 m alors que la quille mesure 2 m : on devrait toucher et s’échouer, pourtant on flotte encore ? Des trombes d’eau nous tombent dessus, on ne voit rien dans le noir sauf quand les éclairs illuminent tout. Quant à la cartographie, démarrée sur l’ordi, elle est fausse : elle indique qu’on est sur un mur avec 0,8 m de fond. On devrait être échoué. Les alarmes du moteur sonnent : on tire beaucoup trop fort dessus. Il faut le couper avant de le redémarrer. Couper le moteur ????!!!! C’est tout ce qui nous maintient dans ces tornades de vent !!!! Le guindeau disjoncte plusieurs fois : c’est ce qui permet de remonter la chaîne et l’ancre. Évidemment, on tire beaucoup trop dessus mais il faut pourtant dégager l’ancre pour nous éloigner de là. Ça ne marche pas, elle est coincée mais le vent faibli un peu. Un gambien s’approche sur une barque et nous crie de ralentir le moteur. Nous sommes au dessus d’une ancienne digue cassée dont il reste les pieux sous l’eau. On risque de casser l’hélice. On décide d’abandonner le mouillage ici en accrochant une bouée qui flotte au bout de la chaine pour le récupérer plus tard. Mohamed aide Frédéric à sortir le 2ème mouillage avec l’ancre de secours et nous guide vers une zone un peu plus profonde. Ça marche. On est tiré d’affaires.
Ça fait quand même 2 fois en une semaine qu’on sort le 2ème mouillage, que Bocar met les passeports, téléphones et cartes bancaires dans le caisson étanche, que nous avons les brassières… C’est beaucoup trop à notre goût ! Nous n’en revenons pas le lendemain matin d’être tranquillement assis à prendre notre petit déjeuner.
Inspection des dégâts : balcon tordu, tôle enfoncée de plusieurs cm sur le flanc du bateau (désolé Didier pour tout le beau travail que tu avais fait !), un petit trou au dessus de la flottaison, annexe crevée. Si Golo n’avait pas été en alu, le voyage s’arrêtait là. On ne comprend pas non plus pourquoi l’ancre a dérapé : normalement, avec nos 50 m de chaîne, dans 4 m d’eau, avec une marche arrière à fond pour tirer dessus et voir que ça tient bien, il n’aurait pas dû y avoir de problème. La faute à une vase molle ? Maintenant l’annexe est réparée, Frédéric va boucher le trou à l’époxy : en fait, aucun dégât ne nous empêche de naviguer.
On a mis 2 jours avant de récupérer notre mouillage principal enfoncé dans la vase et coincé sous des câbles. Étonnement, l’ancre, les 50 m de chaîne, nous 3 et du matériel, ça tient dans notre petite annexe. On n’y croyait pas et on attendait l’aide de plongeurs qui ne sont jamais venus. Nous avons aussi mis du temps pour avoir une puce pour téléphone et un petit peu de réseau qui fonctionne, faire les formalités administratives d’arrivée en Gambie… Et aujourd’hui, après un nouveau coup de vent dans la nuit, nous sommes mouillés au Lamin Lodge, dans un bras de la mangrove. Espérons être abrités et bien amarrés.
Besoin d’un peu de repos… Mais la météo reste très contrastée et nous tient sur le qui vive. Actuellement, pas un brin d’air et 38°C, on est écrasé de chaleur. Mais en quelques minutes le vent peut se mettre à souffler de folie.
Lili
Soyons précis, nous avons vraiment pensé que nous pouvions perdre le bateau et que le voyage pouvait s’arrêter. Mais à aucun moment nos vies n’ont été en jeu, nous étions à quelques centaines de mètres de la côte, équipés de tout le matériel de sécurité. À part être foudroyés, ce qui nous faisait effectivement peur mais n’est pas rationnel, nous n’étions pas en détresse.
Les leçons à en tirer.
Nous n’avons pas compris suffisamment tôt que nous dérapions dans le rideau de pluie qui tombait. Nous avons pris le fait d’être travers au vent pour la résultante vent-courant car le courant était fort.
Le « chien de garde » d’Open CPN n’était pas activé.
Nous avions trop confiance dans nos 60 m de chaine de 10 car nous avions fait une marche arrière à fond au moteur au moment de mouiller.
Nous aurions dû nous alerter du fait qu’il y a des dizaines d’épaves qui affleurent dans les environs du port.
Le fleuve Gambie fait 5 milles de large à cet endroit, un clapot se lève très vite.
Conséquence de tout cela, nous avons démarré le moteur trop tard pour soulager le mouillage.
Nous avons eu beaucoup de chance que l’épave n’ai pas défoncé la coque sous la flottaison.
Heureusement que nous avions prévu d’embarquer de la bonne résine époxy, de la charge et du tissus de verre, au cas où !
Frédéric
Bon courage pour la suite et bravo pour votre perspicacité.
Le Naviot
Merci à vous
Chaud. Chaud chaud
Une expérience de plus
Bonne route et merci de votre compte rendu
Je pense toujours que l’on a beaucoup à gagner des bêtises des autres!
Franchement, j’ai l’impression de vivre un roman d’ aventure !! sauf que c’est vrai
Je trouve,un peu par hasard votre blog. C’est vraiment intéressant et sympa, en plus. Après un tour de l’Atlantique avec un Océanis 35, on repart vers des endroits un peu moins fréquentés…On compte aller en Gambie l’hiver prochain, serait il possible d’avoir un échange avec vous? Naviguez vous encore? J’espère à bientôt. Dominique.
J’ai envoyé mon téléphone via mail. Oui je navigue toujours mais que 4 mois par ans car l’ado est au lycée, mais ça ne va pas duré 😉